Analyse du discours de Mr Draux (directeur RH)
Après le suicide de Mme Anselmi, un directeur RH, Mr Draux, prend la parole devant les collègues proches de Mme Anselmi. Voici son discours:
Mr Ouhib: Il nous arrive quelque chose de tout à fait exceptionnel qui nous concerne tous. Moi le premier. Et j’ai demandé à un directeur de ressources humaines du groupe de venir avec moi aujourd’hui parce je voudrais qu’on échange sur ce qui s’est passé, et si possible répondre à des questions qu’éventuellement vous avez. Voilà c’est Mr Draux. Je vais le laisser se présenter.
Mr Draux: Bonjour à tous, je suis Mr Draux, je suis directeur des ressources humaines, j’interviens à la demande de Mr Ouhib et de la direction du groupe. Je vais aller droit au but. Eh… Qu’est-ce qui s’est passé? Vous avez une de vos collègues, Mme Anselmi, qui s’est donné la mort ici sur votre lieu de travail. Mr Ouhib, m’a précisé que c’était une personne qui était là depuis plus de 20 ans. Vous la connaissiez certainement tous. Elle était appréciée par vous-même, par le public. Elle faisait bien son travail… Peut-être que certain d’entre vous l’avez côtoyée, vous aviez pris un café, un repas, peut-être que vous la voyez en dehors du travail. Mais ce n’est pas pour autant que vous la connaissiez. Voilà. Entendez bien ce que je vais vous dire. Personne ici ne doit avoir la culpabilité de son geste. Certes, elle s’est donnée la mort, ici, sur son lieu de travail, après avoir quitté le groupe. Mais la vie de Mme Anselmi ne se résumait pas à son travail. La vie c’est beaucoup de choses. Elle avait une famille, elle avait un fils, des frères, des sœurs des amis. Elle avait des joies, des peines, des déceptions, eh… Le travail, voilà, c’était une partie de sa vie, mais il y a beaucoup de choses autour, beaucoup de choses. Quand la p… quand votre porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Là, on vient d’apprendre avec Mr Ouhib que Mme Anselmi avait un fils qui se droguait. Euh… c’est quelque chose qui est très très lourd, euh… elle avait notamment de gros problèmes financiers parce qu’elle subvenait à ses besoins. Donc, vous voyez bien que… il y a beaucoup de choses qui peuvent expliquer son geste. Mais elle seule connaît les véritables raisons. Elle seule. Personne ici ne doit se sentir coupable de quoi que se soit.
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Stéphane Brizé, La loi du marché, Drama (Nord-Ouest Films, Arte France Cinéma, Canal+, 2015). ↩