Blockquotes
The following is a collection of quotes from my readings. I have been gathering them, unsystematically, in a variety of files and notes to the point where I couldn't find anything anymore. Consolidating them here, in a form of a "pile", is an effort to tidy up the folders on my computer, but also to create a unique place for them to live. I like this idea of them being alive. Like leaven. Starters from which I can knead and bake my own ideas. I will be regularly updating this file as I stumble upon new ones.
Pascal Quignard
La discontinuité de l’opération de penser est réelle. Elle confond suffisamment à chaque reprise le penseur, comme l’étrange fatigue non physique qui surprend son corps, à la longue l’accable et s’empêtre dans ses membres et dans ses nerfs jusqu’à l’angoisse. Que la brièveté de ce soudain et minuscule effort nerveux soit portée à s’exprimer sous la forme d’un petit spasme rhétorique – une manière de court-circuit, de brusque paradoxe ou d’ellipse –, cette considération paraît avoir pour elle un haut degré de vraisemblance.
[Le fragment f]orme mondaine tout à la fois anti-pédante, anti-systématique, anti-philosophique, et anti-théologique. Provocation de pensée et non pensée achevée, c’est-à-dire espèce de petite convulsion noétique ou linguistique lié au scepticisme, à la conversation, au jeu brillant, à l’empirisme nihiliste pour lequel tout système, toute révélation, toutes références médiates sont devenues insupportables ; enfin lié au refus aristocratique du travail et de l’apparence de l’œuvre.
[…] par la pose mélancolique qui a particulièrement affecté les hommes et les arts du XVIe siècle au XXe siècle, le fragment fascine sans doute aussi par ce caractère un peu ruiniforme, dépressif. Il est ce qui s’est effondré et reste comme le vestige d’un deuil. Il est la citation, le reliquat, le talisman, l’abandon, l’ongle, le bout de tunique, l’os, le déchet d’une civilisation trop ancienne ou trop morte. Morceaux où se lit quelque chose de séparé par la mort, par le temps, isolé, désolé pathétiquement dans la relique. Il convient plus que toute autre forme littéraire à la confession de soi, à la complaisance à soi, à la suffisance, au journal intime, au sentiment d’usure et d’antiquité d’une civilisation sans doute trop endurante ou du moins de toutes parts blettie, au refuge de plus en plus subjectif, abstrait et abandonné, à ce regard tendu vers les bouts de reste. Il est detritus et il est singularité. Mélancolie et individualisme accrus: le fragment et la réplique du tout brusquement serve de l’individuation exacerbée de soi. Symbole insistant dans le deuil natif où tout baigne. Minuscule catastrophe, minuscule épave, et minuscule solitude.
Gilpin prônait la destruction partielle des villas du Palladio en raison de la beauté plus irrésistible qui tient à la puissance allusive, “laconique” des ruines. G. Agamben note que depuis Michel-Ange l’inachèvement est opiniâtrement exalté par l’art moderne et que l’on peut fonder ce goût sur une sorte de plaisir un peu douloureux mais très vif qu’on tirerait de la métonymie, ou encore du fétichisme. Schlegel faisait remarquer que comme les œuvres que nous admirons le plus – c’est-à-dire, depuis la Renaissance, les œuvres de l’Antiquité – nous étaient parvenues à l’état de fragments, les œuvres des modernes cherchaient à épouser en naissant cet état, imputant la fascination qu’elles exercent à la fragmentation et estimant que ces morceaux, qui évoquaient des touts indicibles et absents, par le désir qu’ils en laissaient, accroissaient l’émotion.
[…] les bienfaits du fragment sont au nombre de deux. L’un de ces bénéfices n’est que personnel; l’autre est purement littéraire: le fragment permet de renouveler sans cesse 1) la posture du narrateur, 2) l’éclat bouleversant de l’attaque.
[Pascal Quignard, Une gêne technique à l’égard des fragments (Saint-Clément-de-Rivière, France: Fata Morgana, 1986).]
Craig Mod
There’s a high to getting a good photo, to finding a certain shot out in the world, to extracting it from the landscape. A tangible chemical high. I love it. My pack suddenly weightless after a ten minute chat with a farmer or craftsperson, slanting morning light, soft light filtered through the shoji of some workshop, the mechanics of photography making “real” a moment, adding edges to something otherwise fleeting. A photo doesn’t capture everything, but it places a tiny anchor in the mind back to that place, that split second, the air, the dust, the tension or ease in the room.
as it turns out steps add up, and if you throw enough of them down on the ground, they get you places. Even far away places. And so, just like that, the world turns and Kyoto appears.
Antonin Artaud - Le théâtre et son double
“Protestation contre le rétrécissement insensé que l’on impose à l’idée de culture en la réduisant à une sorte d’inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon. Protestation contre l’idée séparée que l’on se fait de la culture, comme s’il y avait la culture d’un côté et la vie de l’autre ; et comme si la vraie culture n’était pas un moyen raffiné de comprendre et d’exercer la vie.”
“On doit en finir avec cette superstition des textes et de la poésie écrite. La poésie écrite vaut une fois et ensuite qu’on la détruise. Que les poètes morts laissent la place aux autres. Et nous pourrions tout de même voir que c’est notre vénération devant ce qui a été déjà fait, si beau et si valable que ce soit, qui nous pétrifie, qui nous stabilise et nous empêche de prendre contact avec la force qui est dessous, qu’on l’appelle l’énergie pensante, la force vitale, le déterminisme des échanges, les menstrues de la lune ou tout ce qu’on voudra. Sous la poésie des textes, il y a la poésie tout court, sans forme et sans texte.”
“Assez de poèmes individuels et qui profitent à ceux qui les font beaucoup plus qu’à ceux qui les lisent.
Assez une fois pour toutes de ces manifestations d’art fermé, égoïste et personnel.
Notre anarchie et notre désordre d’esprit est fonction de l’anarchie du reste, – ou plutôt c’est le reste qui est fonction de cette anarchie.”
“Ou nous ramènerons tous les arts à une attitude et à une nécessité centrales, trouvant une analogie entre un geste fait dans la peinture ou au théâtre, et un geste fait par la lave dans le désastre d’un volcan, ou nous devons cesser de peindre, de clabauder, d’écrire et de faire quoi que ce soit.”
Bruce Bégout, La Découverte Du Quotidien (Paris: Allia, 2005).
«Le monde quotidien est comme le motif dans le tapis de la nouvelle éponyme d’Henry James : si manifeste partout qu’il en devient invisible. Nous croyons toujours déjà savoir ce qu’il est, et c’est justement cette certitude préjudicative qui nous interdit d’en comprendre la profondeur et d’en saisir la complexité.» p. 21
«Pour reprendre une affirmation célèbre de Hegel que Lefebvre aime citer dans sa Critique de la vie quotidienne : ‘le bien connu n’est pas connu’. On peut même affirmer que c’est cette confiance aveugle de trop bien savoir ce qu’est une chose qui constitue l’origine de sa méconnaissance effective.» p.22
«Ce qui était auparavant objet d’indifférence et de raillerie acquiert de nos jours le statut noble de l’intéressant. C’est le temps béni des micrologies de toutes sortes, des discours de la micro-histoire et de la micro-sociologie, des vide-greniers, de la télé-réalité et des propos de table, des confessions intimes sur la voie publique et des passions ordinaires du vulgum pecus. Tout le monde s’y retrouve, cat tout le monde possède aussi une vie quotidienne.» p.24
«Nous assistons de nos jours à une véritable ruée vers le quotidien. Tout ce qui est actuellement porteur de sens doit se faire connaître au quotidien, avec ce rythme lent et ce style familier des choses ordinaires. […] Au moyen d’un blog sur Internet, de la photographie numérique, […] n’importe qui n’hésite plus d’ailleurs à exposer, dans tous ses menus détails, sa vie quotidienne […]» p. 25
« Nombreux sont les artistes contemporains qui font de l’enregistrement minutieux des événements quotidiens, saisis dans leur banalité la plus extrême, le principal thème de leurs œuvres. C’est comme si le quotidien était devenu le seul sujet possible de l’art finissant, l’art de la mort de l’art. » p. 26
Flusser
Le style c’est l’homme. (citation attribuée à Buffon et à Pascal reprise par Flusser in The Gesture of writing p. 24)
History begins, strictly speaking, when the gesture of writing makes its appearance, and the Occident became the society that thinks by the way of what is written. All that is about to change. The official thinking of an increasingly significant elite expresses itself in the programming of cybernetic data banks and computational facilities that are structured differently from the gesture of writing. The masses are programmed with the codes of technical images and, in this sense, are becoming illiterate again. (…) The gesture of writing is about to become an archaic gesture, expressing a way of being that has been overtaken by technical developments.
It is possible to regard this development optimistically. The gesture of writing is actually a poor, primitive inefficient, and expensive gesture. The alphabet is, in its repertoire, as in its structure, a limited code for self-conscious thinking. The inflation of written texts has further devalued the gesture: everyone is a writer: it isn’t very much of an issue. And it has become obvious that the problems lying before us demand that we think in codes and gestures more refined, exact, and fertile than those of the alphabet. We need to think in video, in analog and digital programs, in multidimensional codes. Writing is no longer either effective or valuable as an expression of a way of being. The Gesture of writing p. 24 - 25
All texts are outstretched arms trying, whether optimistically or in despair, to be taken up by another. This is what the gesture of writing is disposed to do.
For whom am I there when I write ? That is the political question of a society dominated bu writing: in such a society, the truly political gesture is to write and publish texts. … The illusion that I write for everyone is not only megalomaniacal but also a symptom of false political consciousness. A writer can reach only that audience with whom he is linked through the channels that transmit his text. He therefore writes not directly to his readers but rather to his transmitters. … From the first to the last line, a text is written for its transmitter. The entire text is imbued with its primary commitment to its transmitters. No literary criticism should disregard this fact. The transmitter stands not outside but in the center of any text. Since the invention of the book press, the transmitter has usually been the publisher.
It is fairly clear what will be lost in the transition from Gutenbergian to electromagnetic culture, namely, everything we treasure in the Western legacy. On the other hand, we do not see what we have to gain. If we could do that, we would already have reached the first step toward the new way of thinking. But by trying to immerse ourselves in nominalistic thought, say, in the life and poetry of Francis of Assisi, we can get a sense of the future. Sola fide? (Πίστευε και μη ερεύνα)
We can regard print, this alphabetic writing that has become self-aware, as the expression of Western, historical, scientific, progressive thought. The informatics revolution makes print, the alphabet, and this kind of thought superfluous. Il leads to a new mode of thought that can be anticipated but not yet perceived. That sounds like an assertion, but it is really a concerned and hopeful question directed toward the future. (Does Writing Has A future? p. 53)
Speaking, … will not be surpassed at all. On the contrary: released from the alphabet, spoken language will flood the scene, tapes and speaking images will scream and whisper to society. … The danger will be that language, released from the alphabet, will revert to an uncultivated state. Our languages have passed through the filtering and caustic grid of the alphabet for thousands of years, and in this way, they have become powerful and beautiful, delicate and precise instruments. If they are allowed to grow unchecked, they –along with a great deal of thinking– will become barbaric.
Flusser reconnait le danger de la disparition de l’écriture alphabétique. Le danger de perdre la capacité cognitive de créer des arguments de savoir les défendre ou les réfuter.
Poets … will program video clips, not only because they are not actually poets (engaged with language) but also because they create new models of experience. (Does Writing Have a Future?, p. 68)
poetry, as the opposite of imitation, will break new ground, in fact, ground that only opens with the introduction of apparatuses and the codes that go with them. Images will detach themselves from their imitative, mimetic function and become inventive and poetic. This poetic power is already clearly visible in films, videos, and synthetic images. As for poetry, the sense of a language game, on the other hand, its route to the new culture appears to be blocked: for it is bound to alphabetic writing. (Does Writing Have a Future?, p. 71)
The new poet, equipped with apparatuses and dining on the them digitally, cannot be so naive. He knows he has to calculate his experience, to dissect in into atoms of experience to be able to program it digitally. And in making this calculation, he must confirm the extent to which others previously modeled his experience. He no longer identifies himself as author but rather as remixer. Even language he manipulates no longer seems like raw material stacked up inside him but rather like a complex system pressing in around him to be remixed. His attitude to a poem is no longer that of the inspired and intuitive poet but that of an information designer. He relies on theories and no longer works empirically. Such an informatics approach to poetry has long been in preparation. In Mallard, for exemple, this attitude finds theoretical, nearly informatics expression; and the cool, calculating, exact, even mechanical dimension of poetry is clearly visible in the precision of many of Shakespeare’s sonnets. One could almost say that poetry matures as it abandons its empirical, intuitive attitude in favor of a theoretical one. Except that with the abandonment of the alphabet, poetry loses all its naivety. All our conceptions of poets favored by the muse must yield to a conception of the poet a language technician. Poetry will be desanctified.
The poet as “language technician” est aussi la thèse de Kenneth Goldsmith et de ce qu’il appelle uncreative writing.
Each time a technical threshold is crossed, observers have the sense that technology is getting the upper hand, and each time, it turns out that the new technology opens new creative possibilities.
What we fear, as we anticipate the most perfect form and the end of alphabetic writing, is the decline of reading, that is, of critical decoding. We fear that in the future, all messages, especially models of perception and experience, will be taken in uncritically, that the informatics revolution could turn people into receivers who remix messages uncritically, that is, into robots.
There was reading (e.g., of peas) long before the invention of writing. Writing itself is just a way of reading: it involves selecting written signs from a heap, like peas, to be strung into lines. To read means “to pick out, to peck.” This pecking activity is called “election”, the capacity to do it, “intelligence.” … Writers are not the first intellectuals but only the intellectuals characteristic of a particular historical period. They peck more elegantly that before.
Critical thinking came before writing. Those who claim that writing initiates and promotes our critical faculties must try to adjust their position to account for the hens.
Opposition with Derrida for whom writing comes first. Unless what Derrida calls writing is the same with what Flusser calls critical thinking.
To read critically (e.g., the way hens distinguish between kernels of corns and kernels of sand) is to evaluate. Corn is good; sand is not good.
The opposite of critical thinking is puzzle solving (to read).
In the future, we must learn not to distinguish between value-free reading (science) and interpretative reading (art and politics). We must see, with Rilke, that it is an error to distinguish too strictly. If we learn to do this, we can expect surprises. What science, art, and politics will draw out of us, once they are bound into a unified way of reading, will exceed our wildest dreams. The uncomfortable aspect of this by now unavoidable merging of science with art and politics is, of course, that it will shortly become impossible to distinguish between fictional and nonfictional. ((Does Writing Have a Future?, p. 83)
It is also possible to translate to read, as “to guess,” and rather than mystery, one might have a montage game –a jigsaw puzzle– in mind. So to read could mean to peck and assemble kernels in such a way that something meaningful is produced. This new way of reading is beginning to crystallize now. It is called, of course, “computing.”
This transition from the old ways of reading to the new involves a leap from historical, evaluative, political consciousness into a consciousness that is cybernetic and playful, that confers meaning. This will be the consciousness that reads in the future.
The word code comes from the Latin caudex _, meaning “tree trunk.” The word _book, too, came from the name of a tree. Letters are ciphers of a code. Before reading a piece of writing, one must know what code it uses. One must decode first, before one starts to decipher it.
Pieces of writing are directed at the decoder. The writer reaches his hand out toward the other to reach a decoder. His political gesture of writing goes out not to people in general but to take hold of a decoder. As a result, decoding and encoding, reading and writing, should be divided into categories suggested earlier. There are texts that intend to be commented on. Others are to be obeyed, and still others to be criticized. There are not many categories that classify literature better than these. But they are hardly ever actually used because they address literature from the standpoint of the writer rather than from the standpoint of the reader. The reader can justifiably ignore or mistrust the writer’s intention.
- To comment: The word means “to think together”, … It corresponds to the gesture of writing, this gesture that produces something half made in the expectation of being completed, that is, commented on, by a reader; that the reader should think with the writer to think through what has been thought, to lengthen, the lines of the text to a conclusion.
- To obey: In principle, only texts that transmit models of conduct (should propositions) expect to be obeyed. The problem with instructions is that, on one hand, all _should_proposition can be translated into _if-then_propositions, and on the other hand, that all statements, whether they are indicative models of knowledge or optative models of experience, contain a hidden grain of obligation.
- To criticize: The words critique and criminal_come from the Greek _krinein, and the Latin cernere which mean something like “break” in the sense of “break apart” or “break the law.”
There are two basic reasons to write: the private motivation (to put one’s thought in order) and a political one (to inform others). Today we are sufficiently enlightened to call these motives to account. The ordering of ideas is a mechanical process, attributable in any case to the order of writing, and can be left to artificial intelligences. The readers to whom one writes are commentators (who wear away what has been written) or followers (who subject themselves to it like objects) or critics (who tear it apart), should reader be found at all. So the feeling that writing is absurd, which seizes and gnaws away at many writers, cannot be attributed to superficial matters like textual inflation or the rise of more suitable codes alone.
Everything written comments in answer to hastily and critically read texts.
What is new about the new is its very indescribability, and that means that what is new about the new consists exactly in the absurdity of wanting to explain it. … Writing can continue only with the goal of illuminating the alphabet, describing writing. Otherwise, there is nothing more to explain and describe. (p. 152)
We will have to learn to write digitally, should writing still be a suitable designation for such a means of notation, and should anyone still be able to see it as a recording from old into new codes.
The future reader sits in front of the screen to call up the stored information. This is no longer a passive taking in (pecking) of information fragments along a prewritten line. This is more like an active accessing of the cross-connections among the available elements of information. It is the reader himself who actually produces the intended information from the stored information elements. (See also Barthes et le scribe médieval
“la vision critique commence au compilator lui-même : il n’est pas nécessaire d’ajouter de soi à un texte pour le « déformer » : il suffit de le citer, c’est-à-dire de le découper : un nouvel intelligible naît immédiatement ; cet intelligible peut être plus ou moins accepté : il n’en est pas moins constitué. Le critique n’est rien d’autre qu’un commentator, mais il l’est pleinement (et cela suffit à l’exposer) : car d’une part, c’est un transmetteur, il reconduit une matière passée (qui souvent en a besoin : car enfin Racine n’a-t-il pas quelque dette envers Georges Poulet, Verlaine envers Jean-Pierre Richard ?96) ; et d’autre part, c’est un opérateur, il redistribue les éléments de l’œuvre de façon à lui donner une certaine intelligence, c’est-à-dire une certaine distance.”
Excerpt From: Roland Barthes. “Critique et Vérité.” iBooks.
Historical consciousness –this awareness of being immersed in a dramatic and irreversible flow of time– has vanished from the future reader. He is above it, able to access his own flow of time. He doesn’t read along a line but rather spins his own nets. (By the means of cross-links that blur the lines between past and present)
In the matter of recoding, we face two opposing tendencies. On one hand we have people who don’t want to learn to recode for the don’t believe it is necessary to learn afresh. On the other hand, we have people who approach everything written and yet to be written with the intention of recoding it, either because they sense an adventure or simply because they have begun to be repulsed by all the scribbling.
We have to get back to the level of those who have not yet learned to read and write. In this kindergarten, we will have to play infantile games with computers, plotters, and similar gadgets. We must use complex and refined apparatuses, the fruit of a thousand years of intellectual development, for childish purposes. It is a degradation to which we must submit.
The level of consciousness that prevailed before history is articulated pictorially, the historical alphabetically, the new digitally.
There are fundamentally just two ways out of writing: back to images or forward to numbers; back to the imagination or forward into calculation.
Pinsky, Robert. Jersey Rain. Farrar Straus Giroux, 2000.
When I had no father I made Care my father. When I had no Mother I embraced order.
Gregory L. Ulmer, Internet Invention: From Literacy to Electracy (New York: Longman, 2003)
The best way to learn about the potential of websites and the internet for supporting learning in the Arts and Letters disciplines, is to invent a new practice of writing native to hypermedia. At the heart of this new practice is the old humanities wisdom: know thyself. This book [Internet Invention, From Literacy to Electracy] is organized around a project based on the “image of wide scope” discovered by historians of science to exist as a pattern in the careers of the most productive people in our civilization. What if it were possible to discover this “wide image” at the beginning of one’s career, rather than waiting for an historian to find the pattern?
Marcos Novak
We enter cyberspace by becoming image.
Agamben, L’usage du corps
Le lecteur trouvera donc ici des réflexions sur certains concepts - usage, exigence, mode, forme-de-vie, désoeuvrement, puissance destituante - qui ont depuis le début orienté une recherche, laquelle, comme toute oeuvre de poésie et de pensée, ne peut être conclue, mais seulement abandonnée et, éventuellement, poursuivie par d’autres. (p.13)
Graham Harman
The scientific table: is empty space with particles swirling around The practical table: the one that we use
Between these two extremes (under the scientific table and above the practical table) there is the the real table that it can not be reduced in either of the scientific or practical table. “By locating the third table (and to repeat, this is the only real table) in a space between the “table”as particles and the “table” in its effects on humans, we have apparently found a table that can be verified in no way at all… Yes, and that is precisely the point” Graham Harman - The third table (p. 11-12).
Goldsmith, Kenneth
“If my identity is really up for grabs and changeable by the minute—as I believe it is—it’s important that my writing reflect this state of ever-shifting identity and subjectivity.”
“I don’t think that there’s a stable or essential “me.” I am an amalgamation of many things: books I’ve read, movies I’ve seen, televisions shows I’ve watched, conversations I’ve had, songs I’ve sung, lovers I’ve loved”
Goldsmith, Kenneth. “Uncreative Writing: Managing Language in the Digital Age.” Columbia University Press, 2011
Vanessa Place and Robert Fitterman, Notes on Conceptualisms, 2013.
“The problem facing contemporary visual art is that when everything can be art, then only authorship transforms the notion or gesture into art; the problem facing contemporary innovative writing is that having gotten out of the cult of the author, we’re left with either the cult of the performer or the cult of the object, and the object, in order not to be secretly authorial, must be mass-made, and that, as we ought suspect by now, is how democracies go on the march—and the cult of the author finally and fully replaced by the cult of the authority.”
Vanessa Place and Robert Fitterman, Notes on Conceptualisms, 2013.
Carrion
« In the old art the writer judges himself as being not responsible for the real book. He writes the text. The rest is done by the servants, the artisans, the workers, the others.
In the new art writing a text is only the first link in the chain going from the writer to the reader. In the new art the writer assumes the responsibility for the whole process. »
(Carrion 2001)
Henri Michaux
Il serait bien extraordinaire que des milliers d’événements qui surviennent chaque année résultât une harmonie parfaite. Il y en a toujours qui ne se passent pas, et qu’on garde en soi, blessants.
Une des choses à faire : l’exorcisme.
Toute situation est dépendance et centaines de dépendances. Il serait inouï qu’il en résultât une satisfaction sans ombre ou qu’un homme pût, si actif fût-il, les combattre toutes efficacement, dans la réalité.
Une des choses à faire : l’exorcisme.
L’exorcisme, réaction en force, en attaque de bélier, est le véritable poème du prisonnier.
Dans le lieu même de la souffrance et de l’idée fixe, on introduit une exaltation telle, une si magnifique violence, unies au martèlement des mots, que le mal progressivement dissous est remplacé par une boule aérienne et démoniaque – état merveilleux ! […]
Cette montée verticale et explosive est un des grands moments de l’existence. On ne saurait assez en conseiller l’exercice à ceux qui vivent malgré eux en dépendance malheureuse. La plupart des textes qui suivent sont en quelque sorte des exorcismes par ruse. Leur raison d’être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile.
Préface d’ Épreuves, Exorcismes
Une de mes joies de toujours, c’est dans un état détaché, souvent sorti d’un découragement, de contempler un entassement non panoramique des efforts de l’humanité. Je prends donc un dictionnaire. Tous ces bourgeons humains, dans leurs foule alphabétique (je ne lis aucune définition) bien plus qu’aucune grande idée, m’émeuvent et m’agrandissent tout en m’humiliant justement.
Etincelles du monde du dehors et du dedans, j’y contemple le multitude d’être homme, la vie aux infinies impressions et vouloir être, et j’observe que ce n’est pas en vain que le monde humain existe. Même je succombe bientôt à ces myriades d’orbites. Passages, Michaux
J’ai le le sentiment de l’insuffisance, vous voyez, de la mienne, de celle des autres aussi.
Il n’est pas trop de toute une vie pour s’apercevoir qu’on n’est pas original, qu’on ne l’a jamais été, qu’on ne pourrait pas l’être, que personne ne l’est, fait d’un bric-à-brac de meubles appartement à d’autres, à tant d’autres. (Michaux, Entretien avec Robert Bréchon)
Je ne cherche pas à établir des hierarchies et je ne m’attarde pas aux écrivains que j’ai aimés. La vie est une nutrition. Il faut sans cesse consommer… et consumer. On aime une pomme, mais on la digère. Un être humain aussi on l’épuise, et une œuvre humaine ; surtout on dérive petit à petit, appelé par son propre besoin, emporté par son courant à soi. —Entretien avec Robert Bréchon
La nation est une de caricature d’homme : un énorme ventre et des mythes. Le ventre exigeant, mais avec des pudeurs pour cacher ses besoins réels ; et des mythes, sur lesquels s’exciter (pour pouvoir négliger les vrais problèmes). J’ai horreur des mythes. Il faudrait remettre en question tout ce qui vieillit et passe au mythe. Même la France au bout d’un certain nombre d’années devrait changer de nom, par honnêteté, pour se dégager du mythe «France». —Entretien avec Robert Bréchon
Ni thèmes, ni développements, ni construction, ni méthode. Au contraire la seule imagination de l’impuissance à se conformer. Les morceaux, sans liens préconçus, y furent faits paresseusement au jour le jour, suivant mes besoins, comme ça venait, sans «pousser», en suivant la vague, au plus pressé toujours, dans un léger vacillement de la vérité, jamais pour construire, simplement pour préserver. (postface à la nuit remue)
Ayant conscience de mon injustice, j’écris de moins en moins et très peu des autres hommes. Si les cailloux et la nature m’entendaient, je n’oserais plus parler et me tairais bientôt tout à fait. Car il est impossible de parler de quoi que ce soit suivant son mérite. Heureusement ils n’en savent rien et je n’ai pas à en tenir compte. Mais le casse-tête d’être véritable même à leur endroit me freine et me paralyse de jour en jour davantage. (Michaux, Passages, Idées de traverse, p. 291-292 pléiade t. 2)
Complexe le dedans. Complexe le dehors, le dehors toujours renouvelé. Et ses zones apparentes et ses zones inapparentes. Des signes me sont fait que je ne distingue pas. Des modèles me sont soumis, des appels me parviennent qu’en imaginations je transforme. Des avertissements, que pour des «mots» je prends, pour des images curieuses, jouets pour m’amuser un moment. Par paquets entrent les faits, et celui qui m’était désigné-destiné passe inaperçu dans le groupe qui traverse. (Vents et poussières, VII. Le Champ de ma conscience, p. 210 Pléiade t. III)
Je voudrais dévoiler le « normal », le méconnu, l’insoupçonné, l’incroyable, l’énorme normal. L’anormal me l’a fait connaître. Ce qui se passe, le nombre prodigieux d’opérations que dans l’heure la plus détendue, le plus ordinaire des hommes accomplit, ne s’en doutant guère, n’y prêtant attention aucune, travail de routine, dont le rendement seul intéresse et non ses mécanismes pourtant merveilleux, bien plus que les idées, à quoi il tient tant, si médiocres souvent, communes, indignes de l’appareil hors ligne qui les découvre et les manie. Je voudrais dévoiler les mécanismes complexes, qui font de l’homme avant tout un opérateur. (Les Grandes épreuves de l’esprit, et les innombrables petites “I. Le Merveilleux normal )
Lire cependant devient difficile. Quelque chose, quelque part diffère. Il jette un regard par-dessus le texte. La chambre est devenue plus grande, notablement plus grande. (Les Grandes épreuves de l’esprit, et les innombrables petites, 1966, Pléïade, tome III, 362)
Lire ne suffit pas. Il va écrire. Plus personnel. D’ailleurs, des choses à noter. (Les Grandes épreuves de l’esprit, et les innombrables petites, 1966, Pléïade, tome III, 363)
Et à mesure, le sens, progressivement, rapidement, le sens comme un son qui aurait été émis, à la vie courte, vite diminuante, vouée à disparaître, le sens s’éteint. (Les Grandes épreuves de l’esprit, et les innombrables petites, 1966, Pléïade, tome III, 364)
Andrew Hugill, Pataphysics, A useless guide ,
Although pataphysics is at root a literary phenomenon, it has, as we shall see, has an impact on music, cinema, the visual arts, theater, performance, and, more recently, digital media. It has also informed aspects of business, economics, politics, and, increasingly, science itself, especially computer science. (Pataphysics, A useless guide, Andrew Hugill)
…pataphysics has managed to sustain itself most effectively (than any other avant-guard mouvements), finding fertile ground in any mind that thinks the objective truths of empiricism at least demand a little playful tweaking, if not wholesale reevaluation.